Que faire en cas de mortalités de colonies ?
Dépopulation importante, tapis d’abeilles devant la ruche : tels sont certains des signes d’une intoxication de colonie. Comment réagir dans ces cas-là ?
Il faut être très réactif et respecter à la lettre les protocoles ci-dessous, sans quoi le dossier peut être classé comme irrecevable.
- NOTER précisément les observations et informations relatives au rucher et prendre des photos : nombre de colonies du rucher, nombre de colonies atteintes, nombre de colonies mortes, état des colonies et des abeilles, itinéraire technique du rucher, description du rucher et de son environnement, etc.
- ALERTER LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE LES AUTORITES COMPETENTES :
Partout en France, vous devez contacter les services vétérinaires du département d’implantation des ruches (Direction départementale de la protection des populations - DD(CS)PP). Les services pourront alors déclencher une visite de rucher et, selon la situation, des prélèvements et une enquête sur les pratiques agricoles d’utilisation des pesticides dans les champs et exploitations agricoles environnants.
Pour avoir une valeur juridique, les prélèvements pour la recherche de pesticides susceptibles d’être incriminés dans des intoxications, doivent être réalisés ou commandés par l’autorité administrative ou judiciaire. Ceci après constat, afin d’éviter que les apiculteurs investissent dans des analyses coûteuses et facilement contestables.
L’intervention des services de l’Etat en la matière (DD(CS)PP et SRAL) est encadrée par l’Instruction technique du 12 juin 2018que nous vous invitons à lire attentivement pour mieux connaitre les étapes succédant à une déclaration de mortalités.
Cette instruction a un champ d’application très limité. Vous devez bien vérifier que vous êtes victime d’une Mortalité Massive Aigüe des Abeilles (MMAA) définie avec les symptômes suivants :
• Des abeilles sont retrouvées mortes ou moribondes sous forme d’un tapis devant la ruche (volume d’abeilles touchées supérieur à un litre) ;
• La colonie est victime de dépopulation, c’est-à-dire qu’il y a disparition d’une grande partie des abeilles adultes avec présence dans la ruche d’une population très réduite d’abeilles avec couvain, réserves de miel et de pollen en quantité ;
• Le phénomène doit affecter au moins 20% des colonies du rucher, ou au moins 1 colonie lorsque le rucher en compte 1 à 5, ou au moins 2 lorsqu’il en compte 6 à 10 ;
• Ces symptômes doivent avoir un caractère aigu, c’est-à-dire qu’ils sont apparus en quelques jours, voire 2 semaines maximum.
Pour les mortalités constatées en fin d’hiver, elles doivent pouvoir être positionnées dans une période précise permettant de définir leur caractère aigu.
En dehors des cas de Mortalités Massives Aigües des Abeilles (mortalités hivernales non aigües, mortalités nymphales ou larvaires, affaiblissements, etc.), l’Etat n’interviendra pas et ne mènera pas d’enquête. L’Etat invite néanmoins les apiculteurs à signaler ces troubles aux DD(CS)PP qui en assureront le recensement et l’enregistrement.
Il est important d’informer votre syndicat adhérent et le GDSA, qui pourront effectuer des rapprochements dans l’hypothèse de situations similaires sur le territoire, et bien sûr, faire remonter l’information à l’UNAF.
Texte extrait de la fiche pratique de la revue" Abeilles et Fleurs n° 804 " Mai 2018